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Espoir F​é​roce

by L'ENVOÛTANTE

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  • >>> VINYL <<<

1.
Sachez ça d’emblée : je n'sais pas m'battre mais j'sais m'cacher. Toujours à guetter l'arbre le plus proche, le premier terrain vague enfriché. La première bande d'obscurité mal éclairée, à la moindre échauffourée j'vais m'y réfugier. Je cours dans l'premier fourré et je saurai toujours comment rejoindre la forêt. Sachez ça d’emblée : je n'sais pas m'battre mais j'sais m'cacher. S'il le faut, j'disparais tête baissée, à m'rouler en boule au fond du premier fossé. Et pour m'défausser des troubles qu'on veut m'causer, le camouflage est mon meilleur allié et j'ai appris à m'faire oublier mais t'inquiète, j'reviendrai déterminé comme un guerrier. Pour l'heure, qu'on m'laisse un peu roupiller tranquille à l’abri au fond d'un putain de roncier, à faire sécher mon froc mouillé, ouais je reconnais les signes quand j'suis passé à deux doigts de me faire dérouiller. J'veux juste récupérer force et lucidité, cogiter aux points faibles de ceux qu'j'ai ciblé. Et en temps voulu, j'saurai retrouver la trace des dégueulasses qui m'ont fait des crasses et j'les ferai douiller ! Et sachez surtout que rester planqués dans la brousse jusqu'à ce que la mousse nous recouvre tous est un d'mes passe-temps favoris : disparaître là-bas, resurgir ici. Alors avant de me traiter de trouillard, tu devrais te méfier de ces mois entiers où on disparaît des radars, à se dissoudre dans l'écosystème montagnard car ça réveille dans mes veines, la part de sang maquisard !
2.
Désirs bourgeois, hameçons du peuple, j'aurai dû flairer l'appât ! J'garde en travers de la gorge, 2 ou 3 jolies couleuvres qui ne passent pas. Tu conteras les fois où même sans kiffer des masses le contrat, tu y retrouveras quand même ma jolie signature en bas... ...alors, comment font-ils pour nous la mettre profond en gardant le sourire ? Pour cramer la virginité de mon crâne en créant le désir ? A vrai dire, de tout ce merdier, de quoi aurions-nous réellement besoin ? De presque rien, si ce n'est une solide dignité entre les mains. J'en ressortirai presque le tipi et la vie au fond des bois, à moins que ce ne soit la faucille, la fronde, la flèche et le carquois. La dernière fois, pourquoi on a coupé la tête du roi déjà ? Si c'est pour se coltiner derrière Tous ces désirs bourgeois. Désir bourgeois, tu nous as perdu, tu nous perds et tu nous perdras. Moi, à la place, j'irai embrasser ces ruralités pourries pour qu'elles nous imprègnent, je chevaucherai la racine paysanne pour retrouver la graine. Bien sûr que l'occident a son amour propre qui saigne, car même ses contre-cultures les plus dures se retrouvent mises en scène. Alors pourquoi on se lève ? Ben pour 2, 3 bricoles dont on est fier: à nous le temps, à nous le sobre, à nous la terre. Le noir sous les ongles, crois-tu qu'on en crève ? Alors pourquoi on le rend humiliant ? Je trinque à la trêve des faux-semblants, ce sont les mains terreuses qui font le pain blanc. A nous les taches, les cheveux sales, les pellicules, qu'est-ce ça peut te foutre ? je ne lâcherai pas un euro de plus à L'Oréal. A nous l'odeur, des feux de bois qui colle aux sapes et aux avant-bras et en réunion, si ça jette un froid, je l'assume et ne changerai pas d'un iota. A nous le temps passé avec ceux qu'on aime, je ne crèverai pas au taf, c'est dans un autre monde qu'ils me mettront la carotte de Olaf. Délivré et libéral, surconsommation cannibale, avec un pacte social en liquidation totale. Remballe ta merde même soldée. J'te dis en vrac l'idée : j'ai des rêves de chasseur-cueilleur même pendant un Black Friday. Et je récolte autant de châtaignes que je peux en glaner et j'bouffe ça toute l'année avec cette saleté d'fierté de blédard bien assumée. Désir bourgeois, tu nous as perdu, tu nous perds et tu nous perdras. Alors tu m'oublies pour les cannes à selfie, enceintes bluetooth de merde, wonderbox « nuit authentique », Iphone qui coûtent une brique, à tout prix, vacances dans les îles, dernière appli débile, parfum Chanel et Christian Dior, et puis quoi encore ? Abonnement Netflix de merde et sa saleté d'emprise, comme si Hollywood ou Canal + nous l'avaient pas assez mise ! Drone, GoPro, machine à expresso home studio, nouveau vélo électrique écolo, canapés connectés, piscine à creuser connexion 5 G, confort et connerie en illimité.
3.
Ici, qui n'a pas l’identité oxydée d'un enfant pourri gâté d’Occident ? Encore des bouts du gâteau dans les dents, d'ici, dur de jouer les dissidents ! Les cadeaux que notre république nous tend, ils puent la mort, mais on les prend. Ça tue l'humanisme à bout portant, aucune justice nous attend au tournant. Les retombées de budgets florissants : aéronautique et armement, financent mon statut d’intermittent, la naïveté a foutu l'camp. Je déterre les rêves que ma vie caresse, pour certains c'est la 5ème roue du carrosse. Mais j'enterre pas les rêves que la vie cabosse, j'en tire au contraire un espoir féroce. Et à fouiller les envers du décor de nos petits conforts, on trouve des corps. Y'a du pétrole, du gaz, de l'or, dès lors que du sang sort du coffre-fort. Idem pour la fée électricité uranium, beau merdier, inhumanité dans les bassins miniers, j'ai grillé les nouveaux navires négriers. Arriver à rêver la France des lumières avec Aréva qui pousse derrière, quand un touareg du désert touchera un euro du nucléaire : Il aura neigé au Niger. Je déterre les rêves que ma vie caresse, pour certains c'est la 5ème roue du carrosse. Mais j'enterre pas les rêves que la vie cabosse, j'en tire au contraire un espoir féroce. Ma parole, on est plus con qu'avant, on a la vie plus douce que celle de nos parents, mais le confort nous coupe l'envie d'être indépendants en 2 temps et 3 mouvements. Faire pousser l'humanité c'est chiant, on abandonne vite les semis et les plants. On retourne faire les courses chez Auchan, les champs libres : on les laisse en plan ! Pourquoi se péter les reins pour pas un rond ? Demande ça aux anciens, aux néo-ruraux, aux nèg'marrons. Les persévérants vous le diront : on devient pas un homme libre sans privation Je déterre les rêves que ma vie caresse, pour certains c'est la 5ème roue du carrosse. Mais j'enterre pas les rêves que la vie cabosse, j'en tire au contraire un espoir féroce.
4.
J'ai reçu l'invit' pour lever les bras et les agiter, j'crois qu'on m'incite à faire une fête sans cogiter, j'trouve ça trop sweet, un peu trop Walt Disney, ça manque de suite dans les idées. Manque d'ancrage dans l'réel, manque de rage, manque de détails, manque de précision, manque de courage. Y'a pas que les bouquins de 1000 pages qui doivent être subversifs, faut mettre de l'offensif dans ton festif ! Ok pour faire la fête, ok pour feu d'palette, ok pour barbaque de chez l'voisin, on sait d'où ça vient. Ok pour gros festin, ok pour son de bourrin, ça danse autour, c'est Trench Town dans l'arrière cour. Basse et batterie font l'tapage, pas de plainte du voisinage, pas de flic dans les parages, normal : Bob a déjà tué l'shérif : il avait mis de l'offensif dans son festif. « Party for your right to fight », ça revendique, Outre Atlantique, on danse devant l'Enemy Public. Chuck D lève un poing noir et combatif, il met 10 tonnes d'explosif dans son festif. Ca part en France aussi, Renaud devient dingue ! A l'époque il ramène son flingue dans toutes les bringues. Dans une main un stylo, dans l'autre un canif y'a toujours eu de l'offensif sous son festif. Toulouse, le quartier nord veut dézinguer Chirac, si t'aimes pas le bruit et l'odeur, prends ta claque ! Ils tombent la chemise pour Monte Cassino et Sétif et mettent de l'offensif dans leur festif. Massilia s'y met : ragga et pastaga. Redonnent fierté et noblesse au patois, servent de la lutte des classes à l'apéritif et rajoutent de l'offensif à leur festif. Celles et ceux qui ont l'art et la bannière, est-ce l'époque austère qui tue l'inspi et les pousse à s'taire ? Y'en a trop à citer, mais ce n'sont que des anciens, à croire que la loi du marché n'y met pas du sien. Pourtant, 2021 aurait bien besoin de sa dose de textes corrosifs, de zik qui sort les griffes, de lyrics d’écorchés vifs, et de mettre de l'offensif dans son festif.
5.
Ça tourne de plus en plus vite non ? J'veux dire le monde... Il n'y a que les bien-placés qui le trouvent stable, les autres, les gueules cassées, tout le monde les évite, et personne ne les invite à la table. Expulsés par une force centrifuge, ils ont la tête collée aux bordures, alors sûr que la périphérie fait pas rire. La morsure libérale paraît indolore vue d'ici mais je vous jure, elle est conçue pour exclure. Alors les gens de la classe moyenne, on mate tous vers le centre, avec peur au ventre de perdre les miettes de croissance grappillées par nos parents. Enfermés à double tour, et pas prêts à n'importe quelle solidarité quand des saletés de voisins vigilants font le tour du quartier. Mais il faudra plus que la hausse de notre cher PIB national pour rééquilibrer un peu le bordel mondial. Je croyais que c'était l'minimum pour un homme, partager son casse-dalle et s'occuper de son propre linge sale de mâle, de blanc, d'occidental, çais-fran, diplômé, rassasié, mais écœuré pourtant, alors on cherche à remonter les racines de nuits entières d'oppression, à en dégueuler nos p'tits dèj', dommage pour ceux qui se voyaient blanc comme neige. Les expulsés du manège, à chuter du tourniquet, sont les premiers à se chuquer le risque d'avoir un parcours niqué. Ce sont leurs mômes que je vois glisser, sale solidarité, au fond je sais que c'est pas ma gamine qu'une sale scolarité viendra faucher. Et qu'importe que notre libéralisme adoré ne leur ait rien lâché, ils se feront quand même traiter de profiteurs assistés, dés que les premières crispations agiteront les courbes du marché, à recalculer une énième fois ce que le système social peut coûter. Ça tourne de plus en plus vite non ? Et combien de temps, le mâle alpha français vivant sur des champs entiers d'échines courbées restera bouche bée ? Auto-portrait qui tarde à venir, qu'on met des plombes à réaliser, sans vouloir tout plomber. Les laissés-pour-compte ne se contenteront pas d'ateliers d'écriture rap au pied de leur zup. Personne n'est dupe d'un bon coup de pute électorale, en face de grandes visions éducatives sirupeuses la rue a vite saisi ce qui vous préoccupe. La frustration crée des gouffres qu'un jour ou l'autre la France se prendra dans la gueule, trop tard pour faire semblant d'essayer de comprendre ce qu'ils veulent. La masse dont je suis, a si souvent fui, les bruits de couloir sont devenus des cris depuis. Même à refuser de croire que notre justice trahirait ses propres fils, Traoré : c'est dans sa pisse qu'on l'a laissé crever. Que ce soit là les prémices ou les résultats de ce que collectivement un peuple ébauche, qu'on arrête de me parler de gauche. Maintenant à chacun de faire face à sa propre défaillance dans l'histoire sociale de la France.
6.
J'ai jamais senti les QCM, mon cul de MC aime trop les longues joutes verbales et les causeries. Celles qu'on étire à l'infini, avec un verbe bien précis pour exprimer les nuances et les ressentis. Les vrais choix d'vie, ils restent cachés, on les trouve dans les rares pas de côté que l'être humain grégaire n'aime guère afficher. Fait chier de dire ça mais... j'aime écrire des paragraphes entiers là où il y a juste une place pour une case à cocher. Alors les soirs de vote je fais des insomnies, j'sens plus mes bras, j'ai les fourmis. Élections à deux choix et demi, démocratie chifoumi. Mais merde ! Les règles du jeu ont leurs limites et ça m'irrite assez vite quand j'entends dire que le peuple a les élites qu'il mérite. Et bien sûr que la broussaille pousse vite sur les sentiers qu'on évite sur les idées inédites qu'on médite, mais y'a grosse flemme d'aller s'faire griffer les mollets alors on retourne piétiner les chemins goudronnés qu'on connaît. J'ai jamais senti les casinos, les embrouilles de dés, les jeux hasardeux, on est trop nombreux à finir sur l'carreau. Et puis j'ai pas de flaire pour miser gros sur les bons chevaux, j'préfère les ânes boiteux, les vieux bourricots. Du coup la course à la misère se fera sans moi, au premier PMU, ils vont s'pinter, quinté + du plus esquinté. L'espoir fait perdre, y'a qu'à gratter un ticket pour l'voir, et va te gratter pour la vraie course au pouvoir. Alors les soirs de vote j'contracte l'anus, saleté de prospectus, élections du plus beau rictus, démocratie roulette russe. Allez ! Tu prends tes rêves et tu t'assois dessus ! Parce qu'à ce jeu là, 100 pour 100 des votants pauvres ou modestes ont perdu. Qu'est-ce que tu fabriques de beau quand ça empeste un espoir déçu ? Devenu grotesque citoyen au pouvoir déchu. Brûle ta frustration j'sais pas où, de toute façon si ça pue, les vents dominants empêcheront que les fumées ne leur arrivent dessus. J'ai jamais senti les colorants, les rajouts, les exhausteurs de goût, et j'reste méfiant quand les ingrédients restent flous. Je flaire l'embrouille dans les cuisines politiques françaises et pas que, je flaire l'embrouille de partout. J'avoue manquer d'envie pour leur ragoût. Et manque d'engouement pour les ragots. Leurs boniments et leur bagou n'ont pas les saveurs de l'argot. Mate leurs menus, j'ai plus confiance en leurs sauces saugrenues, toujours le goût du lobbying prendra l'dessus. Alors les soirs de vote j'ai des nausées, j'sens plus mes papilles écœurées, élections fades ou trop sucrées, démocratie surgelée. A part tous réapprendre à cuisiner, quelle recette miraculeuse proposes-tu de gober ? A part prier la déesse créativité, pour qu'elle vienne oxygéner nos cons d'cerveaux bien plus qu'à l'accoutumée. À part cogiter, innover, ré-inventer, quelle recette miraculeuse te proposes-tu d'gober ? A part enraciner nos cuisines dans plus de vérité, quelle recette miraculeuse te proposes-tu d'gober ? A part re-localiser, contourner, se ré-ancrer quelle recette miraculeuse te proposes-tu d'gober ?
7.
J'ai pas lu 03:22
J'ai pas lu Camus mais j'ai lu Casey, j'ai peu lu Rousseau mais j'ai lu Rocé, j'ai pas lu Sartre mais j'ai écouté Squat, j'ai pas lu Marx mais j'ai écouté Marley. J'ai pas lu Homère mais j'ai lu Hamé, j'ai peu lu Molière mais j'ai écouté Ekoué, j'ai pas lu Shakespeare « Songe d'une nuit d'été », mais j'ai entendu Burning Spear chanter l'histoire de Garvey. J'ai peu lu Socrate mais beaucoup écouté Sicre, pas lu les critiques de Krivine mais écouté Intik, j'ai pas lu Zola mais j'ai écouté les 1000 Zulus, leur flow enflammé de femmes et d'hommes debout. J'ai pas lu Racine, mais j'ai lu et entendu Yacine et Amazigh Kateb, Matoub et Idir, j'ai pas lu Lacan mais j'ai écouté La Canaille, j'ai pas lu Stendhal, j'ai vu D' de Kabal. J'ai pas lu Honoré de Balzac ou Jean de la Fontaine, mais écouté Zack de la Rocha rapper sur gros larsen, j'ai pas lu Saint Exuperry, mais j'ai écouté Kery, Chuck D, LKJ et Lee Perry. Ok j'ai peu lu, mais j'ai bien entendu. Pourquoi ces gens ne sont pas aux programmes ? Ou sur les programmes ? Et pas un gramme de leurs visions dans les mass-médias qui aspirent à tout éteindre quand ça crame.
8.
Allez j’arrête demain, de me demander à quelle tribu j'appartiens ou de quel foutoir culturel je proviens. J'arrête demain, d'arpenter ces terrains pentus à la recherche des pans de culture qui nous servent de liens car dis-toi bien, que tenter de remonter jusqu'aux crêtes, les bassins versants qui ont irrigué l’intérieur de nos têtes ne mène à rien. Piètres éclaireurs que nous sommes, combien vont s'enfoncer dans ces ravins sans fin ? A moins, que pire encore, on ne découvre un désert identitaire capable de faire taire les curieux de ma race les plus déter'. Identité dans tes dents, la banalité a pris les devants, il reste que tchi, que dalle, du vide, du vent. On se dit enfant du rock, enfant du hip-hop, fils de l'époque, tu parles, on a tous nos clones aux quatre coins du globe. Le même drapeau ricain planté dans l'cul, les mêmes vannes pourries pour les ploucs qui soi-disant n'étaient pas dans l'coup. C'est fou, on a cherché partout la chaleur du crew avec médaillon zulu autour du coup ou avec walou et oui, la greffe a pris, ok la branche donne des fruits mais le tronc se pose des questions depuis. Du genre « qui je suis ? », rebelle endurci? ou un dindon de plus que l'impérialisme a farci ? Ces questions : on pourrait y passer la nuit, et encore, ce serait des vacances à côté de ceux qui y passeront leur vie. Oui j'arrête demain, de saouler le clan familial afin d'en éclairer les moindres recoins. J'ai brandi l'origine paysanne comme un butin, ben putain ! Qu'est-ce qu'on retient : Beaucoup moins d'actes que de barratin. Les anciens se seraient bien foutu d'la gueule de mon jardin, ou de la corne qui manque au creux des mains. J'ai fait tout un foin avec mes racines, mais j'arrête demain parce que quand le doute revient, je paye l'addition et j'fais moins le malin. J'arrête demain, de me débattre tous seul dans mon coin, paumé aux confins de la gratitude et du dédain. Je ne remercierai jamais assez les guides qui ont ouvert le chemin, j’emmerderai jamais assez ceux qui ont vendu le truc en se croyant malin. Aussi j'arrête demain, cette boulimie culturelle sans frein enfin ! Est-ce ainsi qu'on parvient à ses fins ? Je vois un peuple mondialisé qui cherche en vain la diversité des sources qu'il a lui-même asséchée et restreinte. Oui je crains, que fouiller toutes ces zones commerciales ne serve point à combler ma dalle et mes besoins d'humains, puisque on y avale tant de films, de musique et de bouquins qu'au final, on n'en digère presque rien. Luxueux paradoxe et stress de l'époque, ces inondations provoquent la sécheresse des récoltes. Sûrement pas les plus à plaindre, nous nos frigos sont pleins, n'empêche ! Nos estomacs identitaires ont faim. J'arrête demain, de tenter par tous les moyens d'authentifier les filiations de nos infinies définitions, parce que oui, c'est un mythe, une fiction, personne ne pourra plus cartographier nos constellations trop complexes. Personne ne sait de quel métal nos mentals sont forgés ? De quelle orgie d'étoiles, de quels minerais sommes-nous faits ? Qui ont engorgé nos ciels irradiés et qui nous maintiennent dressés sur nos deux pieds. Depuis le cosmos me stimule, me pousse à jacter, éclaire plus fort nos cartes d'identité voie lactée. Mais t'as capté comment la vie nous tire vers ces rationalités, que même la poésie la plus impactante ne saura pas impacter. Allez j'arrête demain, gamberge et philosophie, vu c'que ça induit en prises de notes, en prises de tête, en prises de bec, en crises de nerfs. Alors on simplifie car l'identité est plus complexe qu'elle en a l'air, on fait des selfies, moi je veux un scanner. Et ces réflexions à outrance me rendent fou, les inextricables réseaux d'influence me rendent flou. Alors bien sur qu'on tient debout, mais même à 39 piges, il arrive que le vertige fasse trembler mes genoux. Des fois je rêve d'une peau imperméable, d'une limite claire et je n'ai que la porosité de mes frontières cellulaires, alors je me laisse envahir par le monde et j'essaie de me détendre, mais je vois bien que mon psoriasis continue de s'étendre. J'veux pouvoir me défendre, mais sans créer de rupture, garder le contact avec les purs et durs, comme avec les pires ordures. Tant pis pour l'armure, je m'ouvre aux caresses et aux morsures et je tiens la baraque de ma culture.
9.
Il y a nos potentiels à recréer le lien, nos putains de ciels sereins cachés pas loin. Prêts à percer, persévérantes flammes à portée de main. Presque oubliés ça craint. Pourtant nos potentiels à recréer le lien sont prêts à refleurir où on s'y attend le moins. Il y a nos baumes cicatrisants, nos pouvoirs à ré-accorder nos corps divergents, ou à recoller les fragments de monde manquants, recolorer les regards éteints depuis un bout de temps. Et ré-ouvrir nos visages fermés, recentrer nos plexus désaxés et ré-oxygéner les poumons atrophiés. Il y a les pensées neuves qui attisent le feu des forges de nos futures entreprises, les irritations infectieuses et les blessures dans nos gorges qui cicatrisent. Il y a peines perdues et espoir, sales journées et grands soirs dans les valises. Alors c'est quoi la norme ? L'énorme éclaircie ou l'énorme crise ? Il y a nos capacités à refluidifier le sang, à le refaire circuler dans nos doigts engourdis, à alléger un cœur alourdi, à réchauffer le noyau central qu'on croyait endormi. Voilà, tout est dit : Printemps prête-moi pour un temps la sève inusée de tes 600 milliards d'années d'amour inféodée. Puis il y a les astres luisants d'oralité, que dire ? Un ciel immense de mots tissés, à venir, imprévisibles, flous encore à l'oracle, et flous encore au plus prémonitoire des désirs et que chaque débâcle re-libère, à chaque fin d'hiver, dans un flot de vie qui réchauffe les chairs.

about

Le CD est disponible ici >>> lenvoutante.bandcamp.com/album/espoir-f-roce


Enregistré automne 2020 par Ray Borneo, Colonel Winter & Sébastien Tillous
Réalisation : Ray Borneo & Sebastien Tillous
Mastering : Ray Borneo & Colonel Winter
Paroles : Bruno Viougeas
Musiques : Sébastien Tillous

Création graphique : www.labonneadresse.graphics
Photos : François Manière
infos et contact : www.lenvoutante.com
Production édition : Foudrage (FDR007) www.foudrage.fr
Labels : Petrol Chips www.petrolchips.com / Terre Ferme (TF001)

credits

released April 12, 2021

L’Envoûtante remercie / Arno et Petrolchips /
Cédric / Toute l’équipe d’AMPLI 64 / François Manière / La Bonne Adresse / Manu et l’Antirouille / Tout(es) celles et ceux qui nous soutiennent.
À Zoé, Émilie, Emmanuelle, nos grandes familles (cœur), Steve, aux fidèles du Soniquement Poétique, à ce qui perdure, à ce qui change.

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Petrol Chips Paris, France

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Petrol Chips is an Indie label founded by Ray Borneo.
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