lyrics
La politique, c’est Potemkine.
Sarkozy a visité un jour le village de ma grand-mère enfin la salle des fêtes. Impossible pour mes potes et moi d’aller à la pizzeria sur la pause du midi. Y’avait des bleus partout. Hélicos. Des mauvais regards comme si nous étions la mauvaise vie. Les commerçants les plus à droite avaient été choisis par la production élyséenne pour se rendre à la réception. Difficile de faire un tri parmi tous ces cons, je suppose. Les commerçants, ces trouducs qui passaient leurs temps à baver sur nous, parce qu’on emmenait les ados de réfugiés à faire du ski une fois par an. « C’est toujours les mêmes qu’on bosse et ceux qui ont tout ». Bande d’enclumes.
Notre salle des fêtes s’appelait la salle des fêtes Henri Guybet et sur la plaque à l’entrée, au-dessus des cendriers muraux, y’avait son nom et sa tête mal dessinée avec écrit : « Henri Guybet, comédien de son temps ».
Je ne sais même pas s’il vit encore Henri Guybet, je me rappelle de lui dans « les héros n’ont pas froid aux oreilles ».
Il était bien dans celui-là mais je me rappelle que pendant longtemps j’ai eu peur de vieillir comme lui, avec la même tête et le même tarin.
La politique, c’est Potemkine.
Le jour de cette visite du roi dans ce village trop paisible aux volets fermés, les alter-mondialistes avaient été priés de quitter le coin ou de rester dans leurs granges pendant les 3 heures de la visite.
Un seul hippie inoffensif avait été convié, il parait qu’il avait servi pendant 3 h de punching-ball présidentiel. Assistanat, nation, ruralité, syndicat cancer du pays, videosurveillance. La totale.
On a même trouvé Claude le hippie en « Une » du canard local le lendemain, souriant à côté de Nadine Morano. C’était la bonne époque. Pour lui faire chier, on lui a doublé sa cotisation à la MJC à Claude.
Autres visages, autre temps.
Il est 17 heures, je suis le con du jour.
Merci M. Sapin, merci M. Moscovici pour les emplois-jeunes, j’en ai bénéficié il y a 17 ans et grâce à ça, j’ai failli être cadre A de la fonction publique, j’ai failli.
Je ne pensais pas vous rencontrer au gré d’une de vos visites de par chez nous mais le hasard du micro qui passe par là devant moi là et tout ça.
Je voulais vous dire aussi que tous les emplois-jeunes que j’ai connu, ben, au bout de 5 ans, ils sont partis sur d’autres choses ou ailleurs : prison, cachetons, morgue.
La politique, quoi.
Très peu s’en sont remis.
Elle était où la formation professionnelle qu’on nous promettait, qu’on promettait du coup à nos parents, qui se foutaient bien de notre gueule pour cette histoire ?
De l’eau a coulé sous nos ponts, je travaille à l’usine maintenant, je suis encore vivant, j’ai eu de la chance. J’ai eu 2 fils avec une vieille femme du village. Personne n’a jamais vraiment compris pourquoi. Je n’ai jamais rien expliqué. On sait pas toujours expliqué par ici.
Je parle pas beaucoup, d’ailleurs la conseillère principale du grand, elle a bien remarqué que j’étais calme, comme elle a bien remarqué, elle l’a dit à mon mioche, les odeurs d’alcool et de tabac froid quand j’entrais dans une pièce.
Le micro est là, merci de m’avoir écouté, quand je vous vois tous les deux avec vos regards tristes et désincarnés, je me dis que vous avez bien trahis, moi les collègues m’appellent Nanar, parce qu’ils disent que je ressemble à Bernard Lavilliers, que j’ai les mêmes yeux. Y’a pire. Mon ex-femme, elle aimait pas Nanar, elle préférait les chanteurs romantiques.
credits
from
Lomostatic,
released October 16, 2017
Musiques & Arrangements : Ray Borneo
Textes & Voix : Gontard
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